Malgré de gros efforts et un certain soutien politique, il n’est pas toujours évident de créer une aire de stationnement. C’est ce que prouve le récent exemple de Bâle-Ville. A contrario, l’initiative du Canton de Berne éveille de bons espoirs et se montre convaincante !
Fin mars 2022, l’association Au pays du camping-car a présenté à Karin Sartorius, députée au Grand Conseil bâlois et présidente de la commission, une pétition signée par plus de 1100 personnes, revendiquant davantage d’aires de stationnement pour camping-cars dans le canton de Bâle-Ville. « Les voyageurs ont actuellement peu de chances de profiter de la beauté de Bâle pendant quelques jours. Les campings environnants sont souvent complets ou fermés en hiver, et l'option sur la Bäumlihofstrasse est tout sauf attrayante », expliquait à l'époque Rolf Järmann.
Soutien du Législatif et de la Commission
Mi-mai 2022, les pétitionnaires ont été entendus par la commission du Grand Conseil bâlois en charge du dossier. Traité ensuite en séance plénière, l’objet a reçu l’aval de l’Assemblée avant de passer en mains de l’Exécutif. Dans ses recommandations et rejoignant les vœux de la commission, le Législatif a notamment rappelé l’importance de « développer un concept global à l’échelle cantonale, prévoyant la création d’aires de stationnement, particulièrement en périphérie urbaine et à la frontière cantonale. En outre, la commission a également demandé au gouvernement d’envisager une coopération avec les cantons limitrophes ».
Le refus du Conseil d’État
Mi-juin 2023, plus d'un an plus tard, le Conseil d’État a rejeté la demande en argumentant : « Dans la région, il existe suffisamment de campings qui répondent aux besoins de ce type de tourisme. A la Bäumlihofstrasse à Bâle, le site dispose de sept ou huit places destinés aux camping-cars ou caravanes de passage et qui peuvent y stationner gratuitement pendant 24 heures. L'État ne prévoit pas d’élargir son offre dans un futur proche. La mise à disposition d’aires de stationnement n’incombe pas prioritairement aux pouvoirs publics ». En clair : une véritable douche froide pour les pétitionnaires et le Grand Conseil qui les avait soutenus. Malgré toute la déception et l'échec en dernière instance de cette démarche, le soutien de la Commission et du Grand Conseil montre une certaine évolution : ce qui autrefois était difficilement imaginable pourrait bien avoir une chance aujourd'hui. L’expérience en politique montre en effet que si l’on veut changer les choses, il faut souvent s’y prendre à deux ou trois reprises !
Agriculteurs du canton de Berne soutenus
Les agriculteurs du canton de Berne ont désormais la possibilité de proposer des places de stationnement pour camping-cars sans devoir passer par une procédure d'autorisation complexe. Une motion à ce sujet, soumise par les députés Samuel Krähenbühl et Samuel Leuenberger, vient d’être acceptée. Celle-ci permet aux agriculteurs d'offrir une place de parc dans leur cour existante du 1er mai au 31 octobre sans avoir besoin d'une autorisation spéciale. De plus, et dans les mêmes conditions, une dérogation peut être accordée sur une durée maximale de deux ans (ou saisons) si l’exploitant souhaite offrir jusqu’à trois places au maximum. Une fois ce délai passé, la poursuite de l'activité nécessite néanmoins un permis spécifique avec autorisation exceptionnelle de construire hors zone à bâtir.
Cela ressort d'une directive de l’« Information systématique des communes bernoises (ISCB) ». Selon la Direction compétente de l'intérieur et de la justice du canton de Berne, la création de places de stationnement doit répondre aux exigences du règlement sur la construction. Toutefois, les cantons sont libres d’accorder des dérogations spéciales pour des aménagements de petite importance n’ayant pas d'impact significatif sur l'espace, le développement ou l'environnement. Cette règlementation permet aux exploitations agricoles de tenter l'expérience sans avoir à supporter immédiatement les charges inhérentes à une demande de permis de construire. S’ils souhaitent prolonger l’aventure au-delà de deux saisons, ils devront néanmoins se soumettre aux règles en vue de l’obtention dudit permis.
Au pays du camping-car
9475 Sevelen
de magazine : Autocaravane, numéro 4/2023